La renonciation, fausse bonne idée.

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La renonciation, fausse bonne idée – Impression des tickets – Loi AGEC

La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire – AGEC –

Initialement prévu pour le 1er janvier 2023, la mise en application de la loi AGEC et plus particulièrement de l’article 49 concernant l’impression des tickets CB, Caisse & Bon d’achat est reporté au 1er Avril. Il ne s’agit évidemment pas d’un 🐟 d’avril !

https://www.ecologie.gouv.fr/loi-anti-gaspillage-economie-circulaire

Que change la loi AGEC ?

L’objet de la loi est d’imposer la non-impression systématique des tickets. Jusqu’à maintenant, l’immense majorité des commerçants imprimaient les tickets CB, Caisse & Bon d’achat automatiquement.  En fonction de votre réponse à la fameuse question « souhaitez-vous le ticket ? » l’espérance de vie de ce dernier peut varier de quelques millisecondes à quelques semaines/ mois. 

Toujours est-il que la durée de vie moyenne des tickets est assez édifiante. 3 secondes. Pas une de plus. 🤔

L’espérance de vie extrêmement faible des tickets s’explique pour plusieurs raisons:

  • De nombreux achats du quotidien et à consommation immédiate ne nécessitent pas de conserver de preuve d’achat. Ex : la baguette de pain.
  • Si les jeunes générations montrent une tendance à ne pas souhaiter s’embarrasser des tickets, il est important de préciser ici qu’il s’agit des tickets pour des biens de consommations immédiates.

Pour lutter contre ce gaspillage, c’est au niveau de l’impression que l’Assemblée nationale a décidé d’intervenir. Désormais, la fourniture des tickets imprimés sera sur « demande express » du client uniquement.

Quels sont les tickets concernés ?

Contrairement à ce qui est massivement relayé, il n’y a pas que le ticket de caisse qui entre dans le champ d’application de la loi.  Sont concernés par la loi AGEC les tickets suivants :

  • Ticket de paiement CB (celui issu du terminal de paiement à destination du client).
  • Ticket de caisse (celui contenant le détail des produits).
  • Bon d’achat (celui faisant état des promotions en tous genres).

Pour l’anecdote, combinés, ces trois tickets peuvent attendre plus d’un mètre de long pour une seule transaction !

Le principe de la renonciation

C’est le principe que la loi a créé de fait. « Je veux » ou « je ne veux pas de ticket ».

En partant du postulat que les consommateurs ne souhaitent pas les tickets alors qu’une part significative de français réclament l’intégralité des tickets pour faire leur compte notamment. 

Partant de là, il suffisait aux constructeurs de terminaux de paiement tels IngenicoVerifoneou PAX Technology d’adapter quelque peu leur process en donnant la possibilité de cliquer sur le bouton rouge pour ne pas effectuer l’impression du ticket client. Chose qu’ils ont réalisée avec succès dans la contrainte de temps initialement prévu (1er janvier 2023) 👏 Côté éditeurs de logiciels de caisse, c’est à peu près le même principe qui a été appliqué.

On aurait pu s’arrêter ici, mais …

En toute honnêteté, est-ce que vous achèteriez une paire de chaussures, sans réclamer le ticket ? La réponse est très certainement « non » et pour cause ! Comment changer la pointure ou la couleur sans preuves d’achat ? Comment faire jouer la garantie si la paire de chaussures fait l’objet d’un défaut de fabrication ?

Pour ces raisons, la preuve d’achat est non seulement importante mais bel et bien indispensable.

Si la loi AGEC vise à réduire l’impression des tickets, ce qu’il faut saluer, elle n’aura aucun impact sur des pans entiers de notre économie.

Pour reprendre l’exemple précédent, pensez-vous que la consommation de papier va baisser chez CHAUSSEA grâce à la renonciation ? La réponse est toujours non !

Savez-vous combien de rouleaux sont utilisés par un supermarché ? 20.000, par an. La dématérialisation ne serait-elle un moyen judicieux pour optimiser ce poste de dépense. Dans le même temps, en fonction de comment est traité la dématérialisation, le passage en caisse peut être fortement accéléré. Un passage en caisse plus fluide, ce sont des queues de consommateurs moins longues et mieux absorbées. S’en suit mécaniquement une augmentation du chiffre d’affaire. 

Imaginez un instant notre exemple précédent, celui concernant la baguette de pain. Il s’agit d’une boulangerie/ sandwicherie située dans une zone industrielle. Elle réalise l’essentiel de son chiffre d’affaires entre 12h00 et 14h00 avec environ 200 clients. Ces derniers, vous vous en doutez, ont besoin des tickets pour la gestion des justificatifs de notes de frais. Pensez-vous que la renonciation soit efficace ? 🤔

Il existe un cas particulier, celui des clients fidélisés. Ces derniers ont en général fourni leur email ou leur numéro de téléphone ce qui permet d’envoyer les tickets au format dématérialisé et donc de ne pas les imprimer. Pour autant il faut impérativement nuancer ce cas particulier. En effet, seulement 59% des français ont déclaré posséder au moins une carte de fidélité. Avez-vous la carte de fidélité du marchand de journaux ? La réponse est toujours non! Des centaines de milliers de commerçants n’en proposent tout simplement pas ! Et nombreux sont ceux qui proposent des cartes de fidélité sans comptes clients attachés. Le fameux tampon sur la carte, encore très répandu ! 

Mais ne faisons pas preuve de cynisme !  Il existe bel et bien une autre solution, une troisième voie. Une solution qui permet de faire passer la consommation de papier à 0 (progressivement)  même chez CHAUSSEA !

La dématérialisation

Le livre blanc de la dématérialisation coécrit par Maurice BLANCHARD et republié récemment par l’Association du Paiement ne laisse pas de doute sur l’avenir de la restitution des tickets. Cela passera par la dématérialisation car c’est la seule solution efficace et viable à long terme.

Découvrez le post LinkedIn de l’Association du Paiement à ce propos. Le post contient également le Livre blanc de la digitalisation des tickets.

De nombreuses Start Up comme Airbill travaillent sur le sujet avec chacune leurs visions de ce qu’est la dématérialisation des tickets. Quand certaines voient une opportunité marketing à destination des commerçants, d’autres voient une opportunité de préserver les données personnelles et sont orientées vers les droits des consommateurs. Toutes ces startups ont in fine le même objectif.

Lutter contre la sur-impression inutile. 

La dématérialisation, c’est pour les jeunes connectés ! 

C’est l’un des arguments qui revient régulièrement avec en exemple type : la petite grand-mère qui ne serait pas en capacité de … Le taux d’équipement de smartphone pour les plus de 70 ans en France est de 84% et ne cesse de croître ! Laissons la petite grand-mère décider par elle-même !

La dématérialisation c’est polluant ! 

Serveurs, data centers, numériques, stockages en ligne ou envois, tous les arguments sont bons pour expliquer que la dématérialisation n’est pas plus vertueuse que l’impression physique. Si personne ne remet en question le fait que le numérique 100% green est une utopie, il faut tout de même rappeler ici qu’un ticket physique est issu du papier, lui-même issu d’un arbre. Les entreprises qui fournissent les espaces de stockage investissent d’ailleurs massivement dans ce qui s’appelle désormais le cloud green.

Pire, le ticket physique est également dangereux pour la santé puisqu’il contient du bisphénol A, un perturbateur endocrinien qui peut entraîner une infertilité, des malformations génito-urinaires, une obésité, des cancers. C’est dangereux pour vous, consommateurs, mais imaginez l’employé qui manipule les tickets huit heures par jour.

La dématérialisation, c’est dangereux pour les données personnelles !

Le sujet sensible des données personnelles est au cœur du débat. En effet, 81 % des personnes interrogées rechignent à fournir leurs données personnelles. Il existe pourtant des solutions permettant de restituer aux clients leurs tickets sans qu’il n’ait à communiquer de données personnelles. Le scan d’un QRCode est l’une de ces solutions. Il y en d’autres, le tap NFC par exemple. 

Vous imaginez vraiment devoir épeler votre email à chacun de vos achats nécessitant de conserver les tickets ?  Soyez prêt à retourner fréquemment en boutique pour réépeler ce même email car il aura été erroné. Vous ferez la queue à la caisse ou à un accueil spécifique et vous devrez de nouveau donner votre mail, mais aussi vous rappeler l’heure, le montant et tous éléments permettant de retrouver le fameux sésame. Prévoyez également une adresse mail spécifique avec des capacités de stockage importantes qu’il faudra renouveler régulièrement, puisqu’elle sera spammée intensément très rapidement. 

A l’heure où l’on autorise son smartphone à prendre notre empreinte faciale pour ouvrir telles ou telles applications, la fourniture d’un email paraît banale mais il ne faut pas sous-estimer le sujet. Le RGPD est passé par là et les consommateurs méritent a minima un consentement éclairé.

Pour conclure, c’est à vous que je pose la question. La renonciation est-elle suffisante et viable ? 

Je vous remercie pour la lecture de cet article qui je l’espère aidera à clarifier les positions des uns et des autres.

Bonne journée,

L’équipe Airbill.